C'est quoi ça pour un robot [PV : Alcaline]

Alcaline passait le plus clair de son temps planquée dans la gare, ayant fui sa maison provisoire sur un coup de folie (et surtout de peur), elle n'avait nul part où rester pour être discrète. Et puis, par dessus le marché, son apparence n'était pas des plus banales. Vu que ses collègues ne sortaient jamais, personne n'avait vu de machine telle qu'elle. Elle avait toujours voulu être différente, mais hélas cette volonté était à contre-courant avec son besoin de discrétion, aussi devait-elle profiter des grands mouvements de foule pour ne pas être vue par la sécurité, et là, sa petite taille jouait à la fois en sa faveur et sa défaveur. Faveur, car on ne pouvait la voir, défaveur car comme on ne pouvait la voir, elle se prenait des coups et valsait dans tous les sens.

Alcaline était ici depuis trop peu de temps pour être habituée à ces mouvements, et même si elle aurait adoré rester plantée dans sa cachette pour l'éternité, elle ne pouvait tout simplement pas pour de multiples raisons, dont la principale était son besoin d'alimentation électrique, qui la forçait à trouver des prises par ci par là.

Par conséquent, ses déplacements étaient comme une aventure périlleuse pour la machine fragile, et ce jour-là, la foule était tellement dense qu'elle ne put lutter contre le courant autrement qu'en tentant de sortir par le côté. Elle avait donc fait de son mieux pour rester stable, ne pas chuter (car se relever pour elle était fastidieux et long), et avancer, lentement mais sûrement, dans un coin où la rush hour ne la noierait pas.

La voilà sortie, après moult péripéties, ce flot constant de personnes, et elle se trouvait dans un coin relativement calme, avec des bancs. Sa première action fut de vérifier la présence de membres de la sécurité, se deuxième fut de pousser un soupir de soulagement en voyant que la zone était sûre pour elle. Exténuée, elle grimpa sur un banc où il n'y avait personne, et se mit en veille un instant pour reprendre son souffle. Une fois reposée, elle regarda autour d'elle, voyant les gens qui passaient, ceux qui étaient assis, ceux qui discutaient... Et vit parmi ces individus hétéroclites une personne seule, qui avait une particularité... C'est que ses membres étaient détachés et semblaient flotter indépendamment les uns des autres.

~Dame GLaDOS aurait adoré étudier ce phénomène...~

Pensa-t-elle, fixant de manière indiscrète la chose. Sa fascination se lisait sur son œil unique, comme un enfant qui voyait un arc-en-ciel pour la première fois de sa vie.

La curiosité était assise depuis un moment déjà quand elle se leva. Alcaline, dans son immense timidité, se demanda si c'était à cause de son indiscrétion et, dans le doute, détourna le regard à la vitesse de l'éclair. Cependant, l'inconnu mériterait de plus sérieuses investigations et... Non, Alcaline avait décidé que ça serait fini les "Dame GLaDOS" et les "Posez-moi!", la soumission, elle l'avait laissé sous le paillasson avec les clés, et ensuite elle a jeté le tout à l'incinérateur pour être sûre de ne pas y retourner! Alors il n'y avait plus rien à étudier pour "Dame GLaDOS", et ce monsieur devait être laissé tranquille!

...Oui mais...

C'est qu'il était rigolo, le monsieur. Son apparence était des plus ludiques, et maintenant qu'Alcaline ne se mentait plus, c'était clair: le personnage l'amusait. Et elle tenta un dernier coup d'oeil, mais venait de se rendre compte que le temps qu'elle pense à ses décisions et tout ça, l'homme (du moins ce qu'elle supposait être un individu mâle, par son accoutrement traditionnel de la gente masculine) était parti. Dépitée, elle "soupira", ce qui en fait se traduisit par un son de soupir, sans réel souffle... Puis guetta les environs, histoire de n'être pas surprise p-"HAAAAAAAA!" cria-t-elle sans crier gare (oui c'est voulu, et c'est comique) tout en sursautant en arrière, lorsqu'elle fut interpellée par la personne ludique.

De par le mot "impunément" employé par ce dernier, Alcaline en tira une conclusion quelque peu hâtive, issue d'un stress robotique assez peu courant chez ses semblables: Il s'agissait d'un membre de la sécurité arcadienne qui allait l'arrêter pour l'avoir observé, et étant donné l'avancé technologiques de ces derniers, il était même fort probable qu'il aie lu dans ses circuits et deviné les petits commentaires qu'elle se faisait sur lui. Mais Alcaline le savait, la panique n'arrangeait rien, aussi décida-t'elle de se poser pour réfléchir à une solution qui d'un côté saurait être la p-

"Je-je suis désolée je-je-je-je ne je-je ne-Pitié pas l'enfer des droïdes! Je ferez ce que v-v-vous voul-l-lez si vous ne me dénoncez p-p-pas! J'ai con-j'ai conscience q-q-que j'ai enfreint le c-le c-code des droïdes et j-j-je ne dev-devrais pas tenter de vous c-corrompre... Non pitié lais-laissez-moi tr-tranquille!"

Tandis qu'elle butait sur les mots, et agitait la tête en reculant et avançant. En vérité, elle le savait, malgré toute ses tentatives précédentes de rester calme en situation de crise, jamais elle ne parvenait à raisonner avant de parler, ce qui donnait des phrase incohérentes et hésitantes. Cependant, et contrairement à toutes les autres fois, elle avait réussi à réfléchir à autre chose pendant qu'elle parlait. Cette autre chose était le plan d'évacuation. En effet dans la plupart des situations, un agent de la sécurité arcadienne devrait appeler du renfort lorsqu'il est face à une forcenée incontrôlable comme elle... Alors si elle parvenait à-

"JE PEUX CHANTER UNE CHANSON!"

... Non, définitivement la réflexion sous stress, c'était à laisser tomber...

Il semblait que ses talents de cantatrice étaient un passe-partout qui fonctionnait plutôt bien. Cependant, le terme exact employé par l'étrange homme était "chorégraphie", ce qui, si les répertoires d'Alcaline n'étaient pas faussés, signifiait qu'elle allait devoir danser en plus de chanter. Or la physionomie ainsi que l'expérience d'Alcaline faisaient qu'elle n'était pas très douée en ce qui concernait les jeux de jambe.

Alors Alcaline tenta de se remémorer la dernière fois qu'elle avait dansé. La seule chose qu'elle put trouvé, c'était une commande de GLaDOS l'orchestre de la tourelle Opéra pour noël, qui était censé encourager la violence des tourelles envers les sujets de test. Une chanson qu'Alcaline et la tourelle Opéra avaient chanté un peu à contre cœur, et qu'Alcaline aurait voulu oublier, mais c'était la seule chanson où elle avait un... Semblant de chorégraphie. Alors, elle tenta de reproduire ce qu'elle avait fait ce jour là.



Une fois la prestation terminée, Alcaline n'osa même pas regarder le bonhomme dans les yeux, et se contenta de reculer prudemment, tête baissée, comme noyée dans la honte...

[Coucou, je suis un chouïa en retard pour le post 8D Blague à part, je suis en train de tenter de trouver un bon équilibre entre travail et loisir. Si je parviens à le faire sans me ruiner la santé je serais plus actif. Bon, bref, je poste moi!]

Le petit rire à la fin vexa Alcaline, qui n'osa cependant pas manifester une quelconque émotion (oui, émotion, elle en a, elle, bande de monstres). L'homme mystérieux sous-entendit que cela été insuffisant pour la sortir du pétrin, et Alcaline trembla, doucement d'abord, pour progressivement grimper dans les amplitudes alors que son stress atteignait des sommets.

"P-pitié, je n'ai p-pas d'argent à v-v-vous offrir, juste des ch-chansons... Je-je ne s-s-savais pas que j'avais-vais fait du tort, je v-vous en prie, par-pardonnez-moi!"

Il était dur dans une telle situation d'établir un plan, et pourtant elle n'avait pas d'autre choix. Il fallait un plan de fuite, et sa petite taille saurait l'avantager dans la grande masse qui, cependant, risquait de l'emporter aussi vite qu'une bouée dans un torrent. Le danger était donc évalué comme très important, et elle devait réserver la fuite en cas d'extrême urgence. Tandis que ses appuis tremblaient au point qu'elle perdait presque l'équilibre, elle tenta de les calmer afin de préparer ses appuis pour bondir dans le bain de citoyens et risquer sa vie. Elle était plus que vigilante aux actes et paroles du monsieur, cependant elle ne se doutait pas que son intention de fuite était quelque peu visible. Son regard plein de terreur fixait enfin l'individu, plus précisément ses mouvements. De toute évidence, ce n'était pas elle qui allait approfondir la conversation.